- lanciner
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• 1616; lat. lancinare « déchiqueter, mettre en pièces », forme nasalisée de lacerare, p.-ê. avec infl. de lancer « élancer »♦ Tourmenter de façon lancinante. ⇒ obséder; tracasser. « Une autre pensée le lancinait depuis le matin » (Martin du Gard).Synonymes :- hanter- obséder- taquiner- turlupiner (familier)lancinerv.d1./d v. intr. Faire souffrir par des élancements douloureux. Abcès qui lancine.d2./d v. tr. Fig. Tourmenter; obséder. Ce remords le lancine depuis l'enfance.⇒LANCINER, verbeA. — Emploi intrans., rare. Se faire sentir par élancements douloureux. Dans son épaule, une névralgie lancina soudain, qui le guérit sans plus de sa déplaisante fatuité (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 259).B. — Emploi trans. Causer à quelqu'un des douleurs par élancements. Cet abcès au doigt me lancine (Lexis 1975).— Au fig. Obséder, tourmenter quelqu'un d'une manière lancinante, d'une façon persistante. Dans la débâcle de ses sentiments, de ses idées, c'était lui qui avait tué sa femme; et ce remords le lancinait, s'acharnait sur le peu qui lui restait de vie consciente (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 152). « Je saurai qui a fait ça! dit-il. Je le saurai. » Les mains d'Henri se crispèrent; c'était ça qui le lancinait depuis huit jours : ce soupçon (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 294) :• Une autre pensée le lancinait depuis le matin : l'arrivée de Daniel. Évidemment, il pouvait repartir sans lui avoir serré la main. Mais Daniel apprendrait, sans aucun doute, la présence de Jacques à Paris.MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 201.REM. Lancicoter, verbe trans., fam. Et puis je sentais Mme Renard en ébullition; elle me lancicotait sans cesse : « Ah! misère, crois-tu qu'il te le vole, ton poisson? Crois-tu? Tu ne prendras rien, toi, pas une grenouille, rien de rien, rien (...) » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Trou, 1886, p. 579).Prononc. et Orth. : [
], (il) lancine [
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) Pathol. 1546 humeur lancinante (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXII, p. 227); b) 1568 douleur lancinante (PARÉ, Œuvres, XXIV, 36, éd. J.-F. Malgaigne, t. 3, p. 435); 1616 lanciner « faire sentir des élancements, des piqûres » (JAN DU VAL, Thrésor général, 85 ds DELB. Notes mss); c) fig. 1836 lancinant « qui tourmente » (BALZAC, Vieille fille ds ROB.); 1904 « tourmenter » (FRAPIÉ, Maternelle, p. 265); 1906 lanciner « aiguillonner » (HUYSMANS, Foules de Lourdes, p. 42); 2. 1611 « déchirer avec les dents » (COTGR.). Empr. du lat. lancinans, -antis, part. prés. de lancinare « mettre en morceaux, déchiqueter ». FEW t. 5, p. 158a propose, pour expliquer l'apparition du sens méd., d'y voir l'infl. de lancer (cf. a. fr. le cuer lancier « le palpitement de la poitrine »; li cuers (li) lance « le cœur (lui) palpite » ds FEW t. 5, p. 156b). Fréq. abs. littér. : 13.
lanciner [lɑ̃sine] v.ÉTYM. 1616; lat. lancinare « déchiqueter, mettre en pièces », forme nasalisée de lacerare (Ernout et Meillet; → Lacérer), p.-ê. (Wartburg) avec infl. de lancer « élancer ».❖——————II V. tr. Plus cour.1 Causer à (qqn) des élancements douloureux. || Cet abcès le lancine.2 (1904). Fig. Être présent à l'esprit de (qqn) de façon lancinante. || Ce souci me lancine. ⇒ Obséder; tourmenter, tracasser. — Absolt. → ci-dessous, cit. 2.1 Une autre pensée le lancinait depuis le matin : l'arrivée de Daniel.Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 285.2 Mais Florent Seinecé était tout à son idée : cela faisait des années, répétait-il, qu'il essayait de mettre des mots sur des ritournelles qui l'importunaient à l'improviste (…) Il prétendait que pour tout être au monde une chanson cherche à se rappeler à soi au fond de la gorge, qu'on oublie sans cesse celle dont l'air lancine le plus, celle dont le fredon bassine le corps (…)Pascal Quignard, le Salon du Wurtemberg, p. 14.❖DÉR. Lancination. V. Lancinant.
Encyclopédie Universelle. 2012.